Des entreprises de l’Indre s’engagent pour la biodiversité
L’impact de l’activité humaine sur le réchauffement climatique va de pair avec l’érosion de la biodiversité et Indre Nature le constate localement, sur l’ensemble du territoire de notre département. Si nous appelons les particuliers à abandonner l’entretien intensif de leur jardin (voir Mosaïque n° 109), à sortir du standard de la pelouse de golf et du végétal exotique, en mettant en œuvre une gestion écologique favorable à la biodiversité, quelques entreprises de l’Indre adoptent déjà cette démarche.
Il y a quelques années, en partenariat avec le Pays castelroussin, le CPIE Brenne-Berry et la Chambre de commerce et de l’industrie de l’Indre, plusieurs entreprises locales nous avaient commandé une expertise des terrains attenants à leurs bâtiments commerciaux ou industriels. Indre Nature avait alors inventorié la faune et la flore de ces sites et identifié le potentiel écologique de ces milieux victimes d’un entretien acharné. Nous avions alors fourni à chaque société un guide personnalisé des bonnes pratiques pour une gestion écologique respectueuse de la biodiversité.
Quelques-unes ont appliqué nos conseils et on a pu ainsi voir les salariés de ces entreprises découvrir que des orchidées fleurissaient dans les pelouses pour peu que la tondeuse les « oublie » ! Quelles meilleures ambassadrices que ces magnifiques plantes sauvages pour sensibiliser le public à la protection de la biodiversité !
Un diagnostic de biodiversité chez Balsan à Arthon
Cette année, l’entreprise Balsan a sollicité Indre Nature pour un travail similaire sur son site de production de moquettes à Arthon. Après avoir réalisé une cartographie des milieux et des inventaires naturalistes, Indre Nature a remis au groupe Balsan son diagnostic de biodiversité.
L’idée est simple : porter à connaissance de l’entreprise la diversité et la valeur patrimoniale des espèces animales et végétales présentes, caractériser et délimiter les milieux (quasi) naturels en place dont dépendent ces espèces, puis proposer, dans un second temps, des modes de gestion adaptés aux milieux qui respectent les cycles biologiques de la biodiversité. Cette approche intègre de fait l’ensemble des contraintes d’usage et de production du site industriel. S’il est évident que certaines de nos propositions feront l’objet d’arbitrage, il n’en demeure pas moins que la mise en place de ce type de gestion permettra de préserver ici plusieurs hectares de bois, étang et prairie naturelle bocagère. A titre d’exemple, sur le site de cette usine, ce sont plusieurs milliers de pieds de Sérapias langue qui ont fleurit cette année, mais qui n’auront pu monter en graine faute d’être passés sous le broyeur trop tôt. En décalant la date d’entretien, il sera possible à ces orchidées d’accomplir pleinement leur cycle de reproduction !
La démarche est écologique et économique, car en optimisant l’entretien des milieux, non seulement les entreprises participent à la préservation des espèces sauvages, mais elles diminuent également la facture d’entretien (temps passé, matériel, carburant…) et leurs rejets de CO2.
Si toutes les entreprises et collectivités s’engageaient sur cette voie, nul doute quelles bénéficierait d’une image positive (valorisable en termes de communication) et que la trame verte et bleue deviendrait réalité.
En écologie, la méthode d’entretien et le calendrier d’intervention sont deux éléments clé qui influent sur la préservation de la biodiversité. Ceci est valable pour les prairies, mais également pour les haies ou les espaces engazonnés. Il est toujours possible de mettre en place une gestion équilibrée entre les impératifs techniques ou économiques et la protection des espèces animales et végétales sauvages. Cerise sur le gâteau, il est souvent possible de réaliser de substantielles économies sur les coûts d’entretien d’un espace naturel et même artificiel (pelouse, parc arborés…).
La fauche des prairies de l’aéroport de Châteauroux
Les inventaires naturalistes des prairies de l’aéroport ayant révélé une grande richesse botanique, Indre Nature a proposé leur entretien par une fauche annuelle réalisée à la mi-juin. Un agriculteur éleveur du département fauche désormais gracieusement ces vastes prairies après le 20 juin, ce qui permet de concilier le maintien de la biodiversité avec la production d’un fourrage de qualité et gratuit. Là où le broyage détruisait la petite faune et empêchait la montée en graines des plantes (remarquables pour certaines), le fauchage préserve les arthropodes, les petits vertébrés et permet notamment aux nombreuses orchidées du site de se reproduire.
Pâturage des espaces herbeux chez Pyrex
Suite au diagnostic de biodiversité réalisé sur le site Pyrex de Châteauroux, Indre Nature a œuvré à la mise en place d’un éco-pâturage des surfaces enherbées, avec l’accord de la direction de l’usine. Un partenariat a vu jour avec l’entreprise Éco-pâturage du Berry de Julien Vèque. Des moutons de race rustique jouent désormais les tondeuses écologiques en entretenant le milieu une partie de l’année. Le calendrier de pâturage est adapté au cycle de la végétation sauvage qui occupe les pourtours de l’usine, comme c’est également le cas sur le site GRT Gaz de Montierchaume.
Gilles Dézécot