Marouette de Baillon adulte à Mézières-en-Brenne en juillet 2024
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Nidification de la Marouette de Baillon en Brenne en 2024

Publié le 19 novembre 2024

La Marouette de Baillon Zapornia pusilla est la plus petite espèce de rallidé en Europe. Les connaissances sur l’écologie et la biologie de cette espèce restent lacunaires. Cette espèce migratrice hiverne probablement en Afrique occidentale, où réside aussi une population sédentaire. 

En Europe centrale et occidentale, les populations sont réparties de façon éparse. C’est assurément l’une des espèces nicheuses les plus rares de l’avifaune de France. Elle est en effet considérée comme « en danger critique » dans la dernière version de la liste rouge des espèces menacées de l’UICN en France (UICN France et al. 2016).

C’est une espèce mythique à bien des égards, par sa rareté, mais aussi par ses mœurs plutôt vespérales et nocturnes. Le contact de cet oiseau au caractère discret et élusif souffre très certainement d’un biais de prospections. Elle habite les zones humides peuplées d’une végétation d’hélophytes dense comme les queues d’étangs, qui rendent sa détection d’autant plus difficile. Sa petitesse lui permet d’échapper au regard de l’observateur attentif lorsqu’elle se faufile dans le dédale des marais.

En France, la Marouette de Baillon est considérée comme une migratrice rare, et un nicheur très rare et irrégulier. La situation de la Marouette de Baillon en Brenne demeure assez parallèle à celle dressée à l’échelle nationale. Les écrits de Martin et Rollinat dans « Les vertébrés de l’Indre à la fin du XIXème siècle » lèvent le doute sur le statut passé du « Râle baillon », qu’ils citent « très commun dans les marais de la Brenne durant tout l’été, rare ailleurs ».

La dernière donnée de nidification régionale se rapporte à l’observation d’un couple et ses deux poussins à Vendœuvres en 2005 (Myriam Jamier).

Cet été, la nidification a eu lieu sur la commune de Mézières-en-Brenne, dans une queue d’étang à la végétation palustre. Les observations ont pour partie été réalisées dans une cariçaie. Les suivis ont été réalisés à vue et à l’aide de pièges photographiques.

Le premier chanteur est contacté dans la nuit du 17 au 18/06 à l’aide d’un enregistreur acoustique. C’est le 13/07, au matin, qu’une activité particulière des adultes est constatée. Rapidement, ils seront observés avec deux poussins de moins de cinq jours ! Quelques jours plus tard, un nid vide est découvert. Un (ou deux ?) juvéniles sont régulièrement observés jusqu’à l’âge de l’envol. Le 03/08, un adulte est observé avec un grand poussin encore largement en duvet, et d’âge très différent de la première nichée : il semble se rapporter à une seconde nichée.

L’augmentation depuis plusieurs années des effectifs de Marouette de Baillon en Europe occidentale peut d’une part s’expliquer par une détectabilité plus importante (meilleures connaissances de son écologie, évolution des méthodes de détection avec la démocratisation de la bioacoustique…). D’autre part, la croissance de la fréquence et de l’intensité des épisodes de sécheresse dans le sud de l’Espagne (Doñana, Andalousie), qui abrite une part importante de la population européenne, pourraient constituer des pressions environnementales poussant ces populations à s’installer sous des latitudes plus septentrionales où les zones humides ne sont pas asséchées. 

La Brenne porte vraisemblablement une responsabilité nationale dans la conservation de nos trois espèces de marouettes (avec la Marouette ponctuée Porzana porzana et la Marouette poussin Zapornia parva). Il conviendrait d’améliorer les connaissances sur ce groupe d’espèces en Brenne, afin de préciser leur répartition, leur statut local et leurs préférences écologiques.

La Brenne accueille de façon presque annuelle des mâles chanteurs de Marouette ponctuée, de Marouette poussin et de Marouette de Baillon. Ces trois espèces d’intérêt communautaire sont inscrites à l’Annexe I de la Directive Oiseaux.

Au regard de la disponibilité en zones humides potentiellement favorables pour la nidification de ces espèces en Brenne, et de leur degré de patrimonialité, la mise en place d’un plan d’acquisition des connaissances sur la répartition, l’abondance et le statut de ces espèces en Brenne serait intéressant. 

Des données qui pourraient à terme permettre de mieux cerner l’écologie de ces espèces encore mystérieuses, dans une perspective de conservation de leurs habitats.

Quentin Giraud

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