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Nos positions

Vous trouverez ci-dessous les positions défendues par Indre Nature en matière de préservation de la biodiversité et de lutte contre le changement climatique. Notre argumentaire concerne le réchauffement climatique et le débit des cours d’eau dans l’Indre, la transition énergétique et les énergies renouvelables, l’agriculture industrielle avec le projet de méga porcherie de Feusines-Pérassay et la chasse des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (Esod), celles que l’on qualifiait autrefois de nuisibles.

 

Impact du réchauffement climatique sur les cours d’eau

(Résumé d’un article publié dans le numéro 89 Eté 2019 de Mosaïque, rédacteur : Christian Toussaint).

Nos cours d’eau souffrent du réchauffement climatique. Quelque 10 % de débit en moins, en moyenne annuelle, sur 24 ans. C’est la chute brutale des débits des rivières de l’Indre. Ce résultat ne montre aucune corrélation avec une baisse des précipitations. Par contre, ce phénomène est concomitant avec la hausse des températures. Cette dernière provoque, entre autres, un forçage de l’évapotranspiration et la réduction des écoulements de surface. En chiffres, ce sont 150 millions de m3 qui se sont évaporés. 

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Pour arriver à cette conclusion, nous avons étudié les données météorologiques pour les paramètres température et précipitation sur plus d’un siècle à Châteauroux-Déols et les données hydrologiques de nombreuses stations de jaugeage dans le département de l’Indre et les départements du Limousin sur des périodes connues de 50 à 60 ans. Nous avons trouvé deux périodes consécutives de 24 ans à pluviométrie égale, 1971-1994 et 1995-2019, qui permettent d’étudier l’évolution des débits à pluviométrie égale. 

 

Hausse de la température et de l’évapotranspiration

Entre 1971 et 2018, on constate une baisse des débits des cours d’eau à pluviométrie constante. Ce qui souligne l’impact de la température et l’augmentation de l’évapotranspiration. L’inflexion vers la hausse des températures s’est produite vers 1985. Pour notre département, nous sommes dans une évolution de + 0,4°C par décennie. 

Pour les précipitations, nous constatons une stabilité remarquable à 730 mm des moyennes annuelles sur 130 ans. Nous retrouvons ce même volume sur les deux périodes de 24 ans que nous avons comparées. Par contre, la répartition des pluies semble aller vers moins de journées pluvieuses avec des intensités en augmentation pour la période la plus récente. 

Pour nos régions sous influence du climat océanique, l’évolution des débits des rivières est concordante. Le facteur orographique (relief) augmente les débits spécifiques mais sans modifier les évolutions. Nous trouvons ainsi la même valeur de forte diminution du volume des écoulements dans l’Indre et dans le Limousin. Il faut noter également une meilleure résistance des débits des rivières sur substrat sédimentaire avec une nappe alluviale d’accompagnement que sur socle cristallin sans nappe alluviale.

 

Des impacts dramatiques sur le milieu naturel

L’évaporation semble donc être la principale cause de cette baisse. Cet impact est maximum en période estivale au moment des journées les plus chaudes. Derrière les 10 % des pertes annuelles, il y a des effondrements drastiques des écoulements au cours des mois de juillet à octobre. Nous avons constaté, au cours de la période estivale étudiée, des pertes de 25 à 48 % pour la petite Creuse, de 6 à 27 % pour l’Indre. Au cours des dix dernières années comparées aux moyennes connues sur 60 ans, on constate 60 % de pertes au cours des mois de septembre et d’octobre pour la petite et grande Creuse à Fresselines… 

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Les impacts sur le milieu naturel sont déjà dramatiques. La grande majorité des têtes de bassin sont mortes biologiquement. Cela fait plus de dix ans que tout est en assec l’été. Et les zones humides déjà fortement maltraitées sont en voie de disparition. C’est tout un cortège faunistique et floristique qui disparaît en silence dans l’indifférence générale.

Ce constat naturaliste oblige à se poser de grandes interrogations sur le maintien de l’irrigation, la poursuite de la production hydroélectrique, la possibilité de dilution des rejets urbains, industriels et agricoles. A terme, quelles en seront les conséquences pour l’eau potable ?

 

Transition énergétique et énergies renouvelables

(Résumé d’articles publiés dans les numéros 96 Printemps 2021 et 97 Eté 2021 de Mosaïque, rédacteur : Jacques Lucbert). 

L’origine du réchauffement climatique est bien connue. C’est l’effet de serre du à l’augmentation de la concentration dans l’atmosphère de certains gaz, principalement le CO2, le CH4 (méthane), le NO2 (protoxyde d’azote dégagé par les engrais azotés) appelés gaz à effet de serre (GES), qui provoque l’augmentation de la température à la surface de la planète. Et c’est essentiellement la combustion des sources d’énergie fossiles (charbon, pétrole, gaz) pour produire de l’électricité, faire fonctionner des moteurs thermiques et se chauffer, qui est à l’origine de ces émissions de GES et donc la cause initiale du réchauffement. 

La lutte contre le réchauffement climatique pose donc en premier lieu la question de l’origine de l’énergie que nous utilisons et de la quantité d’énergie que nous consommons. Ce que l’on désigne sous le terme de transition énergétique est la modification structurelle profonde des modes de production et de consommation de l’énergie en vue de réduire les émissions de GES.

Pour réaliser cette transition énergétique il y a deux voies complémentaires : d’une part, réduire notre consommation d’énergie, c’est la sobriété énergétique, d’autre part, remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables moins émettrices de gaz à effet de serre. 

 

Priorité à la sobriété énergétique ! 

L’ambition de la politique d’isolation thermique des bâtiments reste limitée. Et il faudrait aussi soumettre systématiquement les innovations technologiques à une évaluation énergétique. Mettre en oeuvre une véritable politique de sobriété énergétique est pourtant un grand défi pour élaborer des process de production plus efficaces et moins consommateurs d’énergie, construire des villes et des logements à énergie positive, avoir une politique de mobilité plus économe en énergie.chaleur

L’efficacité énergétique dont la responsabilité repose à la fois sur les industriels et sur les consommateurs qui doivent sélectionner les produits les plus efficaces en fait partie. Chacun doit se questionner sur ses habitudes façonnées à une époque où nous pensions n’avoir aucune limite matérielle ni morale à consommer toujours plus.

La voie de la sobriété énergétique est la seule qui n’a aucun impact négatif collatéral sur d’autres grands enjeux environnementaux comme la préservation de la biodiversité.

 

Les énergies renouvelables, sous conditions ! 

Le problème avec les énergies renouvelables, c’est que, pour la plupart, leur impact sur d’autres enjeux environnementaux peut être important. En cause, des impacts sur les milieux naturels et très souvent sur la biodiversité pour certains, mais aussi sur les ressources minières pour d’autres, sur les terres agricoles, sur la production de déchets non recyclables, etc.

Pour être une véritable solution écologique et pas une simple opération d’investissement industriel visant uniquement à faire du profit, le recours aux ENR doit donc être le résultat d’un compromis entre l’intérêt purement économique et la satisfaction de contraintes visant à minimiser leurs impacts environnementaux collatéraux négatifs.

Indre Nature est favorable au principe de l’utilisation des énergies renouvelables mais nous restons très vigilants sur les conditions réelles de leur mise en place sur le terrain afin de ne pas sacrifier à l’enjeu climatique l’enjeu biodiversité en particulier. 

L’énergie éolienne résulte de la transformation de l’énergie cinétique du vent en électricité. Plusieurs impacts négatifs à l’égard de l’environnement lui sont reprochés, comme l’utilisation de métaux rares dits terres rares produits surtout en Chine, avec des procédés très polluants. Ce recours aux terres rares est toutefois très limité pour les éoliennes terrestres. En cause, également, la production de déchets à la fin de vie de ces appareils car tout n’est pas recyclable dans une éolienne. Ces impacts sont très limités et l’impact principal est bien le risque de mortalité auquel est exposée la faune volante, en premier lieu les chiroptères et les oiseaux comme en témoignent nos propres suivis de mortalité. 

energieL’importance de ces risques dépend de plusieurs facteurs : la zone d’implantation (la proximité des forêts et des milieux bocagers est à éviter ainsi que les couloirs de migration), la densité des éoliennes installées (l’accumulation de petits impacts successifs finit par avoir un gros impact), les conditions de fonctionnement (le bridage des éoliennes est indispensable lors des périodes et heures de vol des chauves-souris, par temps de brouillard, et lors des périodes de migration) et le type de matériel utilisé (les risques sont accrus pour toutes les espèces de chiroptères avec les éoliennes dites à garde basse dont les pales descendent jusqu’à 10 mètres du sol). 

Indre Nature ne s’oppose pas systématiquement aux projets éoliens mais nous avons donné à plusieurs reprises des avis négatifs lors des enquêtes publiques ou voté défavorablement en commissions départementales face à des projets qui ne satisfaisaient pas aux conditions ci-dessus. 

L’énergie solaire photovoltaïque résulte de la transformation du rayonnement du soleil en électricité par le moyen de capteurs assemblés dans des panneaux. En dehors de leur phase de fabrication, qui peut être très consommatrice d’énergie pour la production de silicium, le composant utilisé dans cette technologie, mais qui est rapidement amortie (1 an), les impacts environnementaux de cette technologie sont nuls lorsque les panneaux photovoltaïques sont installés sur des édifices. Ce mode d’installation sur des toits, des hangars, des ombrières, doit donc être privilégié car les surfaces à disposition sont énormes et nous le soutenons. 

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Ce qui est beaucoup plus contestable par contre, c’est l’installation au sol sur des terres agricoles ou des espaces naturels. Ce type d’installation contribue à l’artificialisation des sols, à une réduction des habitats naturels, à la soustraction de terres de la production agricole justifiant par ce biais l’intensification sur les terres restant dédiées à l’agriculture, et à une limitation accrue de l’accès au foncier pour les jeunes souhaitant s’installer dans ce métier. Le développement rapide de ces parcs photovoltaïques au sol dans l’Indre a conduit à la rédaction d’une charte départementale signée par le préfet, le président de la Chambre d’agriculture et le président de l’association des maires, qui interdit en théorie l’implantation de ces parcs sur des terres agricoles et naturelles. Malheureusement, les brèches ouvertes par les dérogations prévues dans la charte et le revirement de la position de la Chambre en faveur de l’agrivoltaïsme, ont ouvert la voie à des projets prétendant concilier agriculture et photovoltaïsme.

Indre Nature est favorable à l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits, hangars et autres ombrières, mais s’oppose aux projets sur des terres agricoles ou des espaces naturels. 

La méthanisation est un procédé basé sur la fermentation de matières organiques, qui par l’action de bactéries anaérobies (fonctionnant en milieu sans oxygène), produit du biogaz essentiellement composé de méthane CH4. Celui-ci peut être utilisé comme source d’énergie considérée comme renouvelable car elle est censée utiliser comme matière première fermentescible des déchets : fraction fermentescible des ordures ménagères, boues de stations d’épuration, graisses, déchets d’industries agroalimentaires, déchets verts, paille et déchets agricoles. 

La méthanisation s’est développée en agriculture à l’origine pour transformer les surplus de lisier produits dans les élevages industriels de porcs. Plusieurs problèmes sont liés à cette production. D’abord la qualification de déchets pour certains résidus agricoles est discutable. La paille ou les effluents d’élevage (lisier, fumier) sont aussi des fertilisants traditionnels. Leur utilisation pour produire de l’énergie contribue à l’appauvrissement des sols en matière organique. Seuls les excédents de ces produits devraient donc être utilisés pour la transformation en énergie, ce qui n’est pas toujours le cas.

methanEnsuite, la loi autorise d’utiliser comme intrants en plus des déchets, les produits de culture spécifiquement dédiées à cet usage. Cela revient donc à la production des cultures dites énergétiques, colza, blé en majorité, destinées à produire du carburant automobile (diester ou éthanol E10 à la pompe). Ainsi, on voit se créer des unités de méthanisation de très grande taille consommant plus de 100 tonnes d’intrants par jour mobilisant la production d’environ un millier d’hectares. La production de ce gaz prétendu vert retire ainsi des surfaces agricoles de la production alimentaire. Elle contribue à l’augmentation du coût du foncier et à l’intensification de la production sur les surfaces agricoles restantes. 

Enfin, le résidu de la méthanisation appelé digestat est un produit qui en général est épandu dans les champs comme fertilisants. Mais il peut y avoir des nuisances dues à des odeurs en cas de dysfonctionnement du processus de méthanisation. Le digestat peut être une source de pollution pour les cours d’eau lors de fuites des bassins où il est stocké avant épandage ce qui est malheureusement déjà arrivé à plusieurs reprises. 

Indre Nature est favorable à des unités de méthanisation de taille réduite constituant un complément de revenu pour un agriculteur et utilisant les surplus de l’exploitation ou les coupes d’herbes des bas-côtés réalisées par les collectivités locales en lieu et place du broyage. Nous sommes opposés aux grosses unités nécessitant un recours important aux cultures dédiées et sommes très vigilants sur les implantations de ces unités pour éviter les risques de pollutions accidentelles. 

 

Le bois est une source d’énergie domestique ancestrale. Sa combustion produit de la chaleur mais dégage aussi du CO2, c’est pourquoi son statut d’énergie renouvelable est souvent discuté. On s’accorde cependant à considérer cette énergie comme renouvelable à condition que le milieu exploité produise chaque année un volume de bois au moins égal au volume prélevé. Le bilan absorption-émission de CO2 est donc neutre dans ce cas. 

boisAu-delà d’une utilisation domestique encore largement en bois bûche ou en granulés, le bois-énergie est désormais utilisé aussi sous forme de plaquettes (copeaux de bois séchés quelques mois en tas) pour des chaufferies de grande dimension. 

Le point sensible avec cette source d’énergie est le respect de la gestion durable et renouvelable de la ressource. Certains exploitants de chaufferie préoccupés surtout par le tarif des plaquettes sont peu regardants sur l’origine du bois et la gestion de la ressource. Le problème est particulièrement grave pour le bois d’origine bocagère lorsque c’est le fruit de la destruction du bocage qui alimente à bas coût des chaufferies urbaines. Bien évidemment, dans ce cas, cette énergie n’est en rien une énergie renouvelable. 

Dans le Boischaut sud de l’Indre et du Cher, une société coopérative, la SCIC Berry Energie Bocage, met en relation les agriculteurs disposant de linéaires bocagers conséquents avec les gestionnaires de chaufferies communales locales. L’exploitation du bois bocager permet d’apporter un complément de revenu aux agriculteurs et contribue au maintien du bocage à condition qu’une gestion durable et respectueuse de la biodiversité soit mise en place.

Indre Nature est membre de la SCIC Berry Energie Bocage et, dans ce cadre, nous incitons à la mise en place d’un cahier des charges garantissant la pérennité du bocage exploité et la préservation de la biodiversité.

L’énergie hydraulique est une énergie exploitée depuis l’antiquité. Depuis le XIXe siècle, elle est essentiellement utilisée pour produire de l’électricité par l’intermédiaire de barrages créant d’immenses retenues permanentes permettant une production en continu. Plus récemment, se sont développées des microcentrales hydroélectriques installées en bordure de cours d’eau en utilisant les anciennes infrastructures des moulins (biefs et seuils transversaux). Elles sont de faible puissance et fonctionnent de façon intermittente lorsque le débit est suffisant.

Cette énergie a des impacts très forts sur le milieu environnant et la biodiversité. La création artificielle de grandes retenues d’eau a pour conséquence immédiate l’ennoiement de vallées entières, faisant disparaitre non seulement des milieux et paysages naturels, comme par exemple la Vallée des peintres de la Creuse disparue sous les eaux du barrage d’Eguzon, mais aussi des villages. Leur mise en eau et leurs impératifs de production modifient le régime des cours d’eau sur lesquels ils sont installés. Ils créent des obstacles insurmontables à la libre circulation des espèces aquatiques mais génèrent aussi l’accumulation de sédiments très fortement chargés en éléments polluants.

barAujourd’hui, en France, l’heure est plutôt au démantèlement de ceux dont les impacts sont les plus négatifs. En 1998, l’effacement du barrage de Maisons Rouges situé sur la Vienne en aval du confluent avec la Creuse a permis la remontée des poissons migrateurs dans la Creuse. 

Le danger principal pour la biodiversité vient de la multiplication des microcentrales hydroélectriques. Alors que la directive européenne sur l’Eau (Directive cadre sur l’eau, 2000), reprise en droit français par la Loi sur l’eau de 2006, crée des obligations en matière de continuité écologique pour permettre la libre circulation des organismes vivants, l’accès à leur zones de reproduction, ainsi que le transport naturel des sédiments, le maintien des seuils et obstacles divers nécessaires au fonctionnement de ces microcentrales crée à l’inverse un cloisonnement des cours d’eau. Même aménagés avec des passes à poissons, ces obstacles restent infranchissables pour un pourcentage important de poissons (20 à 30 %) aggravant l’état déjà très mal en point de la biodiversité aquatique terrestre (hors milieu marin) pour une production d’énergie dérisoire. 

Indre Nature rappelle l’obligation de continuité écologique des cours d’eau, notamment sur l’axe Creuse, qui oblige les propriétaires d’obstacles à les mettre en conformité avec la règlementation. Nous nous battons pour limiter la création de nouvelles microcentrales hydroélectriques.

  

Non à l’agriculture industrielle !

(Résumé d’un article publié dans le numéro 102 Automne 2022 de Mosaïque, rédacteurs : Dominique Viard et Jacques Lucbert). 

Non à la méga porcherie de Feusines-Pérassay ! Il y a eu l’affaire de la ferme des mille vaches dans la Somme, il y a maintenant l’affaire de la méga porcherie de Feusines-Pérassay dans l’Indre, projet tout aussi démesuré, uniquement motivé par la recherche du profit, basé sur une exploitation maximale et non durable des ressources du territoire et sur des conditions de vie inacceptables pour les animaux. 

 

  • Un projet démesuré, ultra intensif et concentrationnaire 

Le projet consiste à réaliser l’extension d’un élevage porcin, déjà de grande taille, pour commercialiser 2,5 fois plus de porcs. L’extension concerne aussi l’installation de méthanisation qui va presque doubler pour utiliser le lisier supplémentaire. Avec plus de 15 600 porcs vendus par an, ce sera le plus grand élevage de porcs de la région Centre-Val-de-Loire. Alors que la taille moyenne des élevages de porcs dans l’Indre est de 400 places, celui de l’EARL Van den Broek à Feusines est déjà dix fois plus grand avec presque 4 000 places. Avec son extension il atteindra presque 10 000 places ! C’est le type même de l’élevage hyperintensif.

Pendant tout leur élevage, les porcs vivront en claustration sur caillebotis intégral, sur la fosse à lisier, sans voir le paysage ni le moindre brin de paille et dans des espaces réduits. Les porcs à l’engraissement ne disposeront que de 0,75 mètre carré par animal. Où est le bien-être animal ? 

Quelle est la logique de cet agrandissement et de ce mode de production ? Uniquement réduire les coûts, augmenter les profits et répondre à la logique d’une production de viande industrielle standardisée et banalisée pour l’industrie agro-alimentaire. C’est un projet conçu dans une logique industrielle par un entrepreneur agricole motivé uniquement par le gain financier. L’argument avancé de deux emplois créés supplémentaires est fallacieux car, bien au contraire, ce projet est destructeur d’emplois. Si au lieu de cette extension, il s’était installé des élevages de taille moyenne pour produire la même quantité de porcs, ce serait quatre ou cinq fois plus d’emplois qui auraient été créés. 

 

  • Un projet destructeur du territoire et de ses ressources 

On est très loin d’une démarche de production de qualité destinée au marché local et valorisant le territoire. Celui-ci ne servira que de support de production. Ce projet va de plus accroître de façon importante la consommation d’au moins deux ressources locales, l’eau et les céréales. La consommation d’eau annuelle passera de 9 000 m3 à 20 600 m3. Cela se fera par augmentation de 1000 m 3 à 14 800 m3 de l’eau prélevée à 130 mètres de profondeur par un forage situé sur la ferme. La nappe sous-jacente, de l’ordre de 300 000 m3, ne représente pas intrinsèquement un gros volume. Or, il n’y a eu aucune étude sur la capacité de la nappe phréatique à supporter ce nouveau besoin en eau. 

Les risques sur la qualité de l’eau sont aussi importants. Tout ce secteur est déjà classé en zone vulnérable nitrates. La méthanisation ne réduit pas l’azote des produits entrant dans le méthaniseur. Il se retrouve intégralement et concentré dans le digestat, le produit résiduel de la méthanisation, qui sera épandu sur les champs et terminera en grande partie dans les cours d’eau et les nappes. Le dossier de demande d’autorisation ne contient aucun plan d’épandage, nous ignorons donc où et en quelles quantité le digestat sera épandu. 

La consommation de céréales pour alimenter les porcs passera à 5 500 tonnes par an, dont 4 300 tonnes en provenance d’autres exploitations. Le fonctionnement du méthaniseur nécessitera 3 600 tonnes de matières végétales dont 2 500 tonnes importées sur l’exploitation et provenant de cultures dédiées, atteignant 15 % du tonnage des intrants, soit le maximum autorisé. Cette demande va accroître la tendance à la céréalisation locale allant de pair avec la destruction du bocage que d’ailleurs l’exploitant a déjà fait disparaitre autour de son exploitation.

 

  • Des risques environnementaux supplémentaires 

Le deuxième volet du projet consiste à agrandir l’installation de méthanisation déjà existante. Cette production de méthane, baptisé par certains biogaz, sert d’alibi environnemental au projet. Les émissions de CO2 de l’élevage vont augmenter de 2 948 tonnes d’équivalent CO2 par an, sans prise en compte des émissions supplémentaires dues au transport des céréales et autres compléments alimentaire provenant de Creuse et du Puy-de-Dôme, des végétaux nécessaires au fonctionnement du méthaniseur, du digestat supplémentaire et de son épandage. Collectif Non à la mégaporcherie de Feusines-Pérassay

Les émissions d’ammoniac passeraient de 14 900 kg actuellement à 25 000 kg. Le méthaniseur représente aussi un risque permanent de fuite et de pollution des eaux et des terres comme l’on démontré malheureusement les accidents survenus en Bretagne.

Dès que le projet a été rendu public, une forte opposition s’est manifestée localement. Un collectif d’habitants des communes environnantes s’est constitué et a organisé des réunions et des manifestations pour contester le projet. Le maire et le conseil municipal de Feusines, commune du siège de l’EARL, se sont exprimés défavorablement, le maire refusant même de signer le permis de construire. La totalité des 97 avis émis lors de l’enquête publique étaient défavorables au projet soulignant au passage l’isolement de l’éleveur. Les responsables de la Chambre d’agriculture soutiennent ce modèle agricole entrepreneurial. Le préfet a préféré s’aligner sur ce modèle que de répondre à l’inquiétude des habitants et de leur souhait d’une agriculture plus durable et respectueuse de la nature et du bien-être animal. 

Indre Nature soutient l’action du collectif des habitants contre le projet de méga porcherie de Feusines-Pérassay.

 

Chasse, contre la destruction des prétendus nuisibles

En France, le Code de l’environnement prévoit que le ministre de l’Ecologie, chargé de la chasse, fixe par arrêté trois listes d’espèces susceptibles d’occasionner des dégâts, les Esod, encore qualifiées de « nuisibles » jusqu’en 2016. Le groupe 1 concernent les espèces non indigènes (chien viverrin, vison d’Amérique, raton laveur, ragondin, rat musqué, bernache du Canda). Le groupe 2 fixe la liste des Esod dans chaque département, établie sur proposition du préfet après avis de la commission départementale de la chasse et de la faune sauvage. Elle est arrêtée pour une période de trois ans, courant du 1er juillet de la première année au 30 juin de la troisième année. Le classement des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (Esod) ne vise pas à leur éradication, ces espèces concernées jouant un rôle important dans leur écosystème. Le groupe 3 établit une liste complémentaire par un arrêté annuel qui précise les périodes et les modalités de destruction de trois espèces supplémentaires : le sanglier, le lapin de garenne et le pigeon ramier. L’inscription d’une espèce sur la liste départementale doit être soigneusement justifiée au regard des exigences du droit de l’Union européenne et du droit national. Par ailleurs, en l’absence de classement, il est toujours possible d’ordonner des chasses et battues générales ou particulières dans le cas où des dégâts ponctuels causés par une espèce qui n’a pas été classée Esod rendraient nécessaire la destruction de quelques spécimens. 

Pour le département de l’Indre, seules cinq espèces avaient été classées dans la liste 2 des Esod pour la période 2020-2022, renouvelée pour la période 2023-2025 : la fouine, la martre, le renard, le corbeau freux et la corneille noire. 

  • La fouine (Martes foina). Les dégâts qui peuvent être reprochés à la fouine sont des cas de prédation sur des élevages (oeufs principalement) et des dommages aux biens des particuliers (isolants, salissures, bruits). Détruire l’animal incriminé n’est qu’une solution de court terme car il sera rapidement remplacé par un autre. Les méthodes préventives sont les seules solutions efficaces pour empêcher les dégâts. La destruction par piégeage ne devrait être effectuée que de manière exceptionnelle, uniquement sur une demande des personnes subissant les dommages, et dans un rayon de 50 mètres autour des habitations ou bâtiments. 
  • La martre des pins (Martes martes). La martre joue un rôle important dans les écosystèmes forestiers, comme maillon terminal des chaines alimentaires. Seuls quelques cas de prédation sur les élevages peuvent lui être reprochés, et en raison de la difficulté à distinguer les traces des deux espèces, il est probable que la plupart des dommages imputés à la martre sont en réalité dus à la fouine. Ces dommages peuvent être prévenus par des moyens simples et peu coûteux. De plus, la martre est une espèce à stratégie de reproduction lente qui subit déjà diverses pressions anthropiques, auxquelles s’ajoutent les prélèvements par piégeage. Cette espèce ne devrait pas être classée Esod dans l’Indre.
  • Le renard roux (Vulpes vulpes). Etant donné que c’est la quantité de nourriture disponible dans le milieu qui détermine le niveau des populations de renards, la seule façon réaliste de diminuer les densités de populations est de limiter les renardressources alimentaires accessibles aux renards. La protection des élevages en plein air et l’arrêt des lâchers de gibier d’élevage (faisans, perdrix) incapables de survivre en liberté et qui constituent des proies faciles pour le renard seraient plus efficaces. Nous estimons que la destruction du renard ne devrait être autorisée que de manière exceptionnelle, quand toutes les autres méthodes ont échoué. 
  • Le corbeau freux (Corvus frugilesus). Nous ne sommes pas opposés au classement du corbeau freux en espèce pouvant occasionner des dégâts mais uniquement pour les secteurs du département où elle occasionne des dégâts sur les cultures, c’est-à-dire l’arrondissement d’Issoudun, région naturelle où la céréaliculture est dominante. Au cas où des dégâts importants seraient signalés sur les petites zones céréalières des autres régions naturelles comme le Boischaut nord ou La Brenne, il serait toujours possible de recourir au dispositif de chasse particulière. 
  • La corneille noire (Corvus corone). Les dégâts et services rendus sont identiques à ceux du corbeau freux. Et les méthodes de prévention sont les mêmes que celles applicables au corbeau freux. Les deux espèces de corvidés sont susceptibles d’occasionner les mêmes dégâts mais elles se distinguent par leur répartition différente liée à des habitats et des comportements reproductifs différents et surtout des dynamiques de population différentes. Il est pour nous primordial de distinguer et de traiter différemment les deux espèces. 

 

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