Indre Nature émet un avis défavorable au projet de microcentrale hydroélectrique sur la Creuse à Bénavent
Les énergies renouvelables font partie des outils indispensables dans la lutte contre le changement climatique à condition bien sûr qu’elles remplacent le recours aux énergies fossiles émettrices des gaz à effet de serre : charbon, pétrole et gaz. Il est aussi indispensable que leur mise en place ne se fasse pas au détriment de la biodiversité. C’est un point sur lequel Indre Nature est très vigilant. Pour certaines énergies renouvelables, éolien, photovoltaïque au sol, cela dépend essentiellement de leur lieu d’implantation. Par contre l’hydroélectricité sur cours d’eau entraîne intrinsèquement de graves atteintes à la biodiversité. Pourtant, à l’inverse de l’éolien tant décrié, l’hydroélectricité bénéficie d’une bonne image au sein du public, sur laquelle s’appuient bien sûr les promoteurs de cette énergie. Elle est réputée s’intégrer aux paysages ancestraux en redonnant vie aux anciens moulins et ses graves impacts négatifs sur la biodiversité et les milieux naturels sont totalement ignorés.
Il est vrai que la biodiversité détruite par l’hydroélectricité est moins susceptible d’empathie que la faune volante victime des éoliennes. Il s’agit de la faune aquatique d’eau douce, poissons, notamment les migrateurs, saumons, aloses, lamproies, anguilles, mais aussi insectes, crustacés, plantes aquatiques, … Le blocage de la libre circulation des sédiments que constitue un barrage transversal est aussi totalement négligé. Or les matériaux normalement transportés par les fleuves contribuent à la recharge du littoral. Mais cet effet est lointain et le principe de base de gestion des cours d’eau de solidarité entre l’amont et l’aval n’est pas pris en considération.
L’intérêt économique de la production d’électricité de ces installations est aussi très discutable surtout en regard des dégâts environnementaux qu’elles entraînent. Par rapport à d’autres énergies renouvelables, l’éolien ou le photovoltaïque, leur efficacité énergétique est dérisoire pour un prix de production beaucoup plus élevé.
L’axe fluvial Vienne-Creuse est un des derniers sites de reproduction pour les poissons migrateurs comme le Saumon atlantique, la Grande Alose et la Lamproie marine. À ce titre le SDAGE Loire-Bretagne (Schéma d’Aménagement et de Gestion des eaux) le classe comme axe migratoire prioritaire et réservoir de biodiversité.
Or tout nouveau barrage comme celui projeté à Bénavent, quel que soit son équipement portera gravement atteinte à la libre circulation de la faune et des sédiments puisque même avec le meilleur équipement en passes à poissons et avec les turbines les plus modernes, un tel barrage sera infranchissable pour 30% des poissons qui y sont confrontés.
Voilà donc les raisons profondes qui motivent l’opposition d’Indre Nature à ce projet qui sont détaillées dans l’avis déposé à l’enquête publique.
L’avis d’Indre Nature n’est pas isolé et celui d’autres associations concernées va dans le même sens comme celui de Fédération de pêche de l’Indre, de la SEPANT, association de protection de la nature d’Indre-et-Loire, et des associations d’utilité publique ANPER TOS et SOS Loire Vivante.
Cliquez ici si vous souhaitez avoir une carte de la creuse et la localisation des barrages.