La Fédération de pêche et Indre Nature déposent un recours contre l’arrêté préfectoral autorisant la commercialisation de l’écrevisse de Louisiane
L’écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii) est une espèce classée Espèce exotique envahissante (EEE). Elle possède une très forte capacité d’expansion et est capable de faire de très gros dégâts aux étangs et autres milieux aquatiques en détruisant les herbiers, creusant des terriers dans les digues, prédatant les mollusques, têtards, œufs et alevins de poissons. Elle est porteuse d’une maladie à laquelle les écrevisses autochtones, déjà en grand péril de disparition dans l’Indre, sont très sensibles. C’est pourquoi la loi interdit strictement son introduction, sa détention, son transport ou son utilisation.
Repérée en Brenne en 2007, elle fait l’objet d’un programme de lutte conduit par le Parc naturel régional (PNR) depuis 2009 par piégeage et destruction. Ce programme mené sur plusieurs centaines d’étangs en collaboration avec des propriétaires d’étangs contribue à en freiner l’expansion.
Dans ce contexte, le préfet de l’Indre a décidé d’en autoriser, sous couvert d’expérimentation, la collecte et la commercialisation pour une valorisation alimentaire.
Considérant le non respect des règles et obligations légales préalables à une telle autorisation (refus de consultation des instances scientifiques et du public), les risques pour les autres espèces locales et de dissémination accrue de cette espèce de façon volontaire ou accidentelle par des pratiques mal définies et mal contrôlées (matériel de capture inadapté, personnel de capture non missionné ni formé, public non informé, attrait commercial), la Fédération de l’Indre pour la pêche et la protection du milieu aquatique et Indre Nature ont décidé de déposer un recours en annulation de cet arrêté préfectoral auprès du tribunal administratif de Limoges.
Les deux structures estiment que ce projet a été mené sans concertation préalable avec tous les acteurs locaux concernés et qu’en particulier les leçons n’ont pas été tirées des expériences similaires déjà menées en France en Camargue ou au Lac de Grand Lieu qui n’ont pas été des réussites. Elles rappellent qu’un projet similaire avait été monté et finalement refusé par le préfet de l’époque en 2014 pour les motifs qu’elles invoquent.
Elles estiment que ce projet accroît les risques de dispersion de cette espèce et des dégradations catastrophiques qu’elle entraîne pour l’environnement, qu’il doit être abandonné et qu’à l’inverse les moyens de lutte classiques mis en œuvre notamment par le PNR de Brenne doivent être renforcés.
Jacques Lucbert, président d’Indre Nature, Patrick Léger, président FDAAPPMA 36